Les engagements de l’Université de Lorraine en faveur de l’ouverture de la science

L’Université de Lorraine s’est résolument engagée sur la voie de la Science Ouverte au début de la décennie 2010, conduisant au premier séminaire sur le sujet en 2016. Depuis, cet engagement s’étoffe progressivement, avec une série de colloques annuels, un soutien institutionnel aux initiatives éditoriales ouvertes, et l’adoption de HAL comme bibliographie officielle de l’Université en 2018. Depuis 2019, un comité de pilotage dédié est à pied d’œuvre, accompagné par trois comités opérationnels, dans le but d’offrir aux chercheurs un environnement sécurisé pour leur permettre de faire face plus facilement aux évolutions actuelles du monde de la recherche.

 

En 2021, l’Université de Lorraine a adhéré à la Déclaration de San Francisco (DORA). Initiative mondiale couvrant toutes les disciplines universitaires, l’UL au travers de DORA fait le choix d’affirmer la nécessité de transformer les méthodes d’évaluation des résultats de la recherche scientifique.

 

Retour sur l’histoire d’une politique volontariste, qui vise avant tout l’accompagnement des chercheurs.

Les réflexions sur l’ouverture de la science à l’Université de Lorraine ont mené aux premiers résultats visibles dès 2016 avec le premier séminaire organisé sur le sujet. C’est également en 2016 qu’a été ouvert le portail lorrain de l’archive ouverte Hyper Articles en Ligne (HAL). L’outil HAL, développé par le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) du CNRS, a été choisi par l’Université de Lorraine pour le dépôt de ses publications après un examen approfondi de plusieurs autres solutions techniques au regard des besoins des laboratoires lorrains.

 

Après deux années qui ont permis une certaine appropriation de l’outil, c’est le 25 septembre 2018 que le conseil d’administration de l’Université de Lorraine adopte HAL comme bibliographie officielle de l’université et y instaure une obligation de dépôt pour ses chercheurs des textes complets de leurs publications, dans le respect de la loi pour une République numérique de 2016.

Afin d’accompagner les chercheurs dans cette démarche de l’ouverture de leurs recherches, une série de colloques annuels dédiés a été initiée le 11 octobre 2018 sur le thème « Sciences Ouvertes : expériences, enjeux et perspectives » et poursuivie ensuite chaque année. Depuis 2023, l’Université de Lorraine propose une Love Data Week début mars. Toutes les journées d’études sont à retrouver sur cette page.

En parallèle et pour faire face à l’augmentation non soutenable des coûts des abonnements aux bouquets de journaux scientifiques des grands éditeurs, l’Université de Lorraine a fait le choix en 2018 du désabonnement aux journaux proposés par Springer. Les économies ainsi réalisées ont été en partie affectées au soutien à un certain nombre d’initiatives éditoriales vertueuses en termes de qualité scientifique, d’ouverture et de transparence.

 

Symbole de cet engagement important en faveur de la Science Ouverte, l’Université de Lorraine fut la première université française à ratifier l’Appel de Jussieu pour la Science Ouverte et la bibliodiversité en octobre 2017. Elle est par ailleurs membre de la coordination des universités de recherche intensive françaises (CURIF), et, à ce titre, s’associe à la ratification en janvier 2020 par la CURIF de la déclaration de la Sorbonne sur les droits des données de la recherche. Dans le même esprit, l’Université de Lorraine a soutenu les deux premières éditions des journées nationales pour la Science Ouverte : en 2018, comme en 2019.

Afin de poursuivre l’ouverture de sa recherche, l’Université de Lorraine a nommé en 2019 un chargé de mission pour la Science Ouverte, missionné pour définir et porter la politique de l’Université de Lorraine en la matière, dans le double objectif d’une part de développer l’ouverture des publications des chercheurs de l’Université, et d’autre part, de favoriser la pérennisation et le partage des données de la recherche.

 

La définition de la politique de l’Université de Lorraine est ainsi confiée à son comité de pilotage pour la science ouverte, constitué de représentants des chercheurs de toutes les disciplines de l’Université, de la Direction de la documentation (DDOC), de celles du numérique (DN), des ressources humaines (DRH) et de la recherche & valorisation (DRV), de la directrice de l’Institut de l’information scientifique et technique (Inist) du CNRS, de la responsable du pôle Information scientifique et technique recherche de CentraleSupélec, du directeur du pôle scientifique OTELo, de la directrice des Éditions de l’Université de Lorraine et du directeur de la MSH Lorraine.

Le comité de pilotage a créé trois comités opérationnels chargés de mettre en œuvre au plus près des chercheurs la politique qu’il élabore.

 

Le comité opérationnel pour les données de la recherche (CODR) est placé sous la responsabilité de deux administrateurs des données de la recherche, l’un de la Direction de la documentation et l’autre de la Direction du numérique, tant l’agrégation de ces deux compétences est nécessaire dans ce domaine. Ils sont bien entendu tous deux membres du comité de pilotage. Ce comité opérationnel est le point de contact unique des chercheurs pour tout souhait d’assistance dans la gestion de leurs données. Il se matérialise par une adresse mail générique : donnees-recherche@univ-lorraine.fr.

 

Au delà de l’assistance aux chercheurs, les missions du CODR sont de leur assurer un environnement favorable leur permettant de répondre au mieux aux obligations et projets qui sont les leurs en matière de gestion des données de leurs recherches. Il organise pour cela un ensemble de formations, traitant notamment des plans de gestion de données, outil maintenant indispensable à la conduite de projets de recherche. Il pilote l’atelier de la donnée ADOC Lorraine et l’entrepôt de données DOREL.

 

Le comité opérationnel pour les publications ouvertes (COPO), sous la responsabilité de la Direction de la documentation (DDOC), est en charge d’une part de l’animation du portail HAL de l’Université et, d’autre part, du développement et de la transition vers l’accès ouvert des publications de l’Université. Comme le CODR, il accompagne les chercheurs dans leurs projets éditoriaux, notamment pour répondre aux appels d’offre nationaux. Il peut être joint à travers son adresse mail générique : copo-contact@univ-lorraine.fr.

 

C’est un troisième et dernier comité opérationnel, porté sur les algorithmes, les codes sources et les logiciels produits en recherche, qui a vu le jour en 2023. Il reprend les actions à mener dans l’axe 3 du 2ème PNSO « Ouvrir et promouvoir les codes sources produits par la recherche ».
 
Ce comité, représenté par des chercheurs et des ingénieurs, apportent l’accompagnement nécessaire à la communauté scientifique de l’Université pour aborder les principes de développement libres et ouverts, et ce, en lien étroit avec les instances juridiques et de valorisation de la recherche ainsi qu’avec le ministère.
 
Pour tout renseignement vous pouvez contacter l’équipe d’accompagnement : logiciels-recherche@univ-lorraine.fr

 

Les trois comités opérationnels contribuent naturellement à l’organisation des colloques annuels, chacun dans son domaine de prédilection.

 

En parallèle, la DDOC propose la formation Domptez la doc, en collaboration avec la Direction de la recherche et de la valorisation et le Collège lorrain des écoles doctorales. Près de la moitié des modules de cette formation sont dédiés à la Science Ouverte : ils permettent aux doctorants et chercheurs confirmés de comprendre les enjeux de l’ouverture de la science, les contraintes et opportunités juridiques en la matière, ainsi que les diverses solutions techniques.

La transition de la recherche vers un modèle plus ouvert et plus coopératif, concernant autant les publications des chercheurs que les données générées par leurs travaux, était déjà un objectif national et international début 2020 et bien avant. En témoignent le plan national pour la Science Ouverte, publié en 2018, la feuille de route du CNRS pour la Science Ouverte, de 2019, et le plan S européen, attendu pour 2021. C’était sans compter le déclenchement début 2020 de la pandémie de COVID-19 liée au coronavirus SARS-Cov-2, qui, en requérant des efforts de recherches vitaux afin de créer remèdes et vaccins, a imposé une coopération internationale plus forte associée à une exigence accrue de vérifiabilité des résultats.

 

Cette politique volontariste à l’échelle nationale et européenne, voire internationale, se traduit par une séries d’obligations d’ouverture de la recherche liées aux financements que les chercheurs peuvent obtenir. A titre d’exemple, citons l’Agence nationale de la recherche et la Commission européenne, qui requièrent la conception d’un plan de gestion de données et la publication en accès libre des résultats de la recherche. Il y a fort à parier que ces injonctions iront croissantes, concernant, par exemple, les prochaines expertises par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES).

 

Par le truchement de son comité de pilotage et surtout de ses deux comités opérationnels, l’objectif principal de l’université de Lorraine est donc l’accompagnement de ses chercheurs à une évolution de leur métier qui va probablement aller en s’amplifiant.

 

D’un côté, la diffusion de leurs travaux les plus aboutis, leur publications, devra se faire sous la forme la plus ouverte possible. Le portail HAL de l’Université pourra être utilisé pour ce faire, avec un accompagnement d’une équipe dédiée de la Direction de la documentation. Le comité opérationnel pour les publications ouvertes pourra également les conseiller pour diffuser leurs travaux selon des modalités nouvelles, existantes ou à inventer.

 

De l’autre côté, une culture et une politique de pérennisation, partage et valorisation des données générées par les chercheurs devra se développer selon les politiques nationales et européennes en la matière. Le comité opérationnel pour les données de la recherche propose d’ores et déjà un accompagnement à travers des formations individualisées, mais devrait proposer, début 2022, un environnement intégré liant le nouvel entrepôt de donnée de l’université de Lorraine, les entrepôts thématiques nationaux et internationaux, et les archives ouvertes telles que HAL.

Citons Bernard Rentier lors des deuxièmes journées nationales de la Science Ouverte : “il ne sera jamais possible de mettre harmonieusement en œuvre la Science Ouverte sans un consensus universel sur une nouvelle façon d’évaluer la recherche et les chercheurs”.

 

Nos organismes financeurs, nos évaluateurs, semblent avoir bien entendu Bernard, pionnier de la Science Ouverte et auteur de l’indispensable Science Ouverte, le défi de la transparence. Les critères de l’évaluation de la recherche sont en train de changer, de critères quantitatifs fondés sur le nombre de publications et leurs controversés facteurs d’impact, vers une évaluation plus qualitative et ouverte. Les réflexions ne sont pas encore abouties, mais la récente réforme de la campagne annuelle d’évaluation des agents du CNRS (CRAC) ne prenant en compte que les publications signalées dans HAL est un premier pas. Les suivants sont décrits dans la feuille de route du CNRS pour la Science Ouverte ainsi que par les recommandations en la matière de la conférence des présidents d’universités.

 

Il est de la responsabilité de l’Université de Lorraine d’accompagner ses chercheurs dans cette évolution des critères qui guideront à l’avenir leurs carrières en les informant, en leur offrant un environnement propice à l’ouverture de la science, tout en veillant à conserver une cohérence nécessaire entre critères d’évaluation internationaux, nationaux et locaux.